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Photo du rédacteurLouis Pascal

Un Duc de Franco peut-il être Roi de France ?


Article à retrouver sur Vexilla Galliae : https://www.vexilla-galliae.fr/actualites/divers/un-duc-de-franco-peut-il-etre-roi-de-france/


Pourquoi voit-on se poser tant de questions ridicules au sujet du possible futur héritage du duché de Franco ? De tièdes royalistes, certains se prétendant même historiens, y voient une sorte d’abdication ou d’empêchement, ce qui démontrent que ces plumitifs, parfois opportunément « pin’sés » par un blogue orléaniste, ne connaissent absolument rien au droit monarchique français. En effet, est-il besoin de rappeler que tout renoncement, y compris l’abdication, est nul ? Est-il besoin de rappeler que le successeur est un héritier nécessaire ? « [Qu’]il succède non comme héritier, mais comme le maître du Royaume dont la seigneurie lui appartient, non par choix, mais par le seul droit de sa naissance. Il n’est redevable de sa couronne ni au testament de son prédécesseur, ni à aucun décret, ni enfin à la libéralité de personne, mais à la loi. Cette loi est regardée comme l’ouvrage de Celui qui a établi toutes les monarchies, et nous sommes persuadés, en France que Dieu seul la peut abolir. Nulle renonciation ne peut donc la détruire »[1]

Ainsi, même si Louis XX, Roi Titulaire de France était en Espagne Luis-Alfonso de Borbon, Duque de Franco, il n’y aurait là rien qui soit contradictoire avec son droit sur le trône de France. Charles VIII, Louis XII, François Ier de France ont bien été Carlo V, Luigi V ou Francesco, Rois de Naples ou (et) Ducs de de Milan, Louis XIII et Louis XIV furent même comtes de Barcelone. Nos rois ont toujours repris l’héritage de leur mère quand c’était leur droit, c’est ainsi qu’ils rattachèrent à la France un certain nombre de provinces.

Je ne compte pas entrer ici dans l’énumération complète de ces rattachements ou des prétentions étrangères des Rois de France ou de Princes du Sang, je rappelle toutefois qu’étant donné le principe d’indisponibilité de la Couronne, revendiquer ou accepter un titre étranger n’a jamais pu exclure un prince de son droit inaliénable de successible. Rappelons que le père de Louis XX était aussi Duc de Cadix, que son grand père était aussi Duc de Ségovie et que son arrière grand père comme le père et le grand père de ce dernier et quelques autres de leurs ancêtres avaient été Rois d’Espagne.

Le vrai problème, c’est le nom qui s’attache au titre de duc de Franco. C’est Franco qui fait peur aux tièdes et qui excite la malveillance de nos adversaires. Tous, qu’ils se disent légitimistes ou soient dévoués à un prétendant félon, farfelu ou étranger au sang royal de France, se soumettent ainsi à l’hégémonie culturelle de la gauche bien-pensante. Franco leur apparaît comme infréquentable, il serait l’incarnation du mal absolu, finalement ce serait Hitler, l’épouvantail insauvable de tout bon distributeur de points Godwin.

Mais que savent ces gens du contexte de la guerre civile espagnole (qui n’est plus enseignée dans le secondaire, ou si peu) ? Que savent-ils de la politique de Franco vis-à-vis de l’Axe ou des Alliés pendant la guerre ? De sa passivité envers les Résistant Français, les réfugiés ou les briseurs de frontières ? De sa politique de redressement et de pacification de l’Espagne ? Auraient-ils préféré une dictature rouge ? Un régime communiste aurait-il été moins répressif et plus efficace ? L’Espagne serait-elle ce qu’elle est ou serait-elle un régime post-communiste corrompu comme on en voit tant dans les Balkans ou en Asie-Centrale ?

A toutes ces questions ces faire-valoir du politiquement correct n’ont aucune réponse. Ils n’y ont sans doute même jamais pensé.

Nous autres, nous refusons de nous plier aux diktats d’une opinion aseptisée par le politiquement correct. Nous ne nous revendiquons pas nécessairement du franquisme, phénomène avant tout espagnol, nous n’en validons pas forcément toutes les politiques ou toutes les conséquences, mais nous ne pouvons pas ne pas y voir un grand nombre d’aspects positifs, de grandeurs et de bénéfices pour ce pays. De la personne de Franco ou de son gouvernement, nous pouvons avoir un jugement parfaitement neutre et détaché des passions violentes auxquelles se livrent ses détracteurs. Franco un tyran ? Oui certainement, au sens classique du terme, le tyran est celui qui a pris le pouvoir par la violence et sans en être à l’origine le détenteur légitime, il règne par la loi du plus fort et pas par les lois de la nature, c’est un fait. Mais dans l’antiquité on distingue le bon tyran, comme Pisistrate, du tyran cruel comme Périandre. Un dictateur ? Sans doute ! Mais qu’est-ce qu’un dictateur à l’origine ? Le titre de Sylla nous l’indique bien : « dictator legibus scribendis et rei publicae constituendae », il doit faire les lois et restaurer, reconstituer l’Etat, la Chose publique, pas agir pour son plaisir personnel ou aux dépends de son peuple et de son Etat, comme les dictateurs africains d’aujourd’hui. Le sens moderne du terme l’a rendu odieux, mais qui peut affirmer que Franco n’a pas appliqué cette définition ancienne : faire les lois et [re]constituer l’Etat ?

Ainsi, qu’on puisse avoir une vision critique mais globalement positive de Franco ne devrait poser aucun problème, son nom n’est pas flétri par un opprobre autre que celle des gauchistes jaloux de ses victoires et mal remis de leurs défaites, et de quelques faux-culs qui le voyaient certainement comme modèle tant que son nom n’était pas associé au roi titulaire légitime de France qu’ils combattent.

Que Louis XX défende la tombe de son arrière grand père maternel est tout à son honneur, la tombe des ancêtres est une cause sacrée. Ceux qui le critiquent ne vont peut-être jamais sur celle de leurs parents, ils n’éprouvent nulle émotion à la vue de ces arpents sacrés pour tout bon fils. Que ce soit le gisant d’un ancêtre du XIVe siècle, la tombe d’un trisaïeul paysan au cœur de la Bretagne, ou la croix blanche d’un de ses fils tombé au champ d’honneur en 1915, gare à celui qui voudrait y toucher et éparpiller ces restes sacrés à mes yeux. Je ne peux donc que comprendre Louis XX et soutenir son combat contre M. Sanchez, l’émule des pilleurs de tombe de 1793. Comment peut-ont se dire royaliste et ne pas voir le lien évident entre le crime contre la nature, l’Histoire et la paix civile en Espagne que veut commettre M. Sanchez et la profanation des tombeaux de nos rois à Saint-Denis en 1793 par la lie du sans-culottisme ?

Vous qui reprochez à votre roi légitime sa piété filiale et son respect pour les mânes de ses ancêtres, repentez vous ! Vous qui critiquez Franco en hurlant au loup avec les moutons de la bien-pensance la plus pitoyable, reprenez vous !

Je termine ce propos en citant deux personnages importants de l’histoire espagnole au XXe siècle Jorge Semprun et Felipe Gonzalez qu’on ne soupçonnera pas d’être de fervents franquistes :

« La répression franquiste, qui a été très brutale, n’est pas comparable aux répressions staliniennes. Elle n’est pas comparable parce qu’elle n’a pas les mêmes moyens, parce qu’elle compte ses victimes par centaines ou milliers mais pas par millions. Je connais beaucoup de gens qui ont passé quinze ans dans une prison franquiste, ce qui est monstrueux ; mais une prison franquiste, comme celle de Burgos, comparée à un camp soviétique, c’est de la rigolade. Les détenus recevaient des paquets, ils avaient une vie politique. Pendant des heures entières ils se dispensaient des cours. Ils arrivaient à voir des contacts avec l’extérieur et dans leur trou avaient des postes de radio. Les bonnes sœurs étaient aimables et faisaient passer des lettres. Ils avaient des visites non pas tous les six mois, mais deux fois par semaine. Je le rappelle afin de faire comprendre à un certain nombre d’intellectuels espagnols qu’ils ont, bien sûr, vécu la dictature et la répression, que tout cela était horrible, mais qu’ils ne sont pas pour autant le nombril du monde, et que les souffrances endurées par l’Espagne n’ont pas été les plus intolérables du XXe siècle. Il faut garder le sens des proportions. » (Jorge Semprun)

Felipe González, alors Président du gouvernement espagnol, déclarait en 1985 : «Il faut assumer son histoire… Je suis personnellement capable d’affronter l’Histoire de l’Espagne… Franco… est là… Jamais je n’aurais l’idée de renverser une statue de Franco. Jamais ! Je pense que c’est stupide d’aller faire tomber les statues de Franco… Franco fait désormais partie de l’Histoire d’Espagne. Nous ne pouvons pas effacer l’Histoire… J’ai toujours pensé que si quelqu’un croyait que c’était méritoire de renverser Franco de son cheval, il devait le faire de son vivant » (Juan Luis Cebrian, “Entretien avec Felipe González”, El País, Madrid, 17 novembre 1985). Il a par la suite nettement manifesté son hostilité à la « Loi sur la mémoire historique », y voyant à juste titre une remise en cause de la transition démocratique dont il avait été l’un des acteurs.

Louis de Lauban

[1] Extrait d’un mémoire de Jean-Baptiste Colbert de Torcy, Ministre de Louis XIV, à l’occasion des négociations de paix avec la Grande-Bretagne à la fin de la Guerre de succession d’Espagne (1712)

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