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Photo du rédacteurLouis Pascal

Allocution du Général de Cathelineau à Sainte-Anne-d'Auray (29/09/1886)


Mesdames et Messieurs, C'est le souvenir du passé, le souvenir de nos ancêtres qui nous réunit... Comme eux nous voulons rester fidèles à cette magique devise qu'ils avaient adoptée et défendue et qu'ils nous ont laissée comme un héritage sacré : Dieu et le Roi ! Voilà notre patrimoine. Allons, debout ! pour le défendre : noblesse oblige... Peuple français, peuple breton réveillez-vous ; sortez de votre léthargie ; levez-vous il faut combattre l'usurpation... Comptez, si vous le pouvez, les héros qui sont sortis de vos rangs ; les martyrs qui se sont fait immoler pour défendre et venger le Christ attaqué, pour défendre et venger la patrie. Et toi, peuple breton, as-tu oublié le sang qu'il t'a fallu répandre pour conserver ton sol et ta liberté contre le léopard anglais. Tu fus invincible et tu devins si terrible, qu'il suffisait qu'on apprît que tu entrais dans un camp pour que l'adversaire déposât les armes et demandât immédiatement la paix. Telles furent ta puissance et ta gloire ! Plus indomptable et plus résistant que le roc de granit qui borde tes rivages tu avais la fierté du vieux lion dans le désert. Pourtant un jour, épris des charmes du beau pays de France, subjugué par la grandeur et l'héroïsme de ses rois, tu le respectes et tu te prends à l'aimer... Ton chef, la grande-duchesse de Bretagne, épouse deux de ses Rois ; ta fierté ton ambition sont dépassées ; tu donnes ton cœur à la France ; tu lui jures fidélité... et tes serments tu les as gardés et tu les garderas à la vie, à la mort, à cette France qui t'avait séduit, à ces souverains qui t'avaient entraîné... Aussi, c'est chez toi que nous sommes tous, aujourd'hui, venus nous retremper dans la fidélité... Oui ! c'est devant les saints que tu invoques que nous venons par la prière ranimer notre foi et grandir nos espérances... C'est devant « la grande Dame Sainte Anne » comme tu l'appelles, devant Saint Michel, le chef de la milice céleste, dont l'épée est invincible, que nous crions sus à la félonie et à l'usurpation... Mais pour anéantir la Révolution, source de la félonie et de l'usurpation, pour prier à notre aise, pour élever nos enfants comme nous le voulons et le devons, pour gagner avec fruit nôtre pain quotidien, en un mot pour vivre heureux et dans la paix... Il nous faut, de par Dieu et par la loi, notre roi légitime et chrétien, l'aîné des princes d'Anjou, le plus près du sang de notre magnanime Henri ; il nous faut son drapeau, le drapeau sauveur de Jeanne d'Arc, le drapeau blanc. Vous les voyez ici, nombreux, ils nous entourent ; que de victoires ils nous rappellent ! que de serments gardés ! que de sacrifices et d'héroïsme n'ont-ils pas enfantés !... Vive le drapeau blanc, vive le roi... Oui, dans les tristesses de l'attente, répétons, comme nos pères ; vive le roi quand même ! La nuit est sombre et nous enveloppe, mais courage ! après la nuit vient l'aurore, je la vois poindre à votre horizon ; et bientôt, je l'espère, — cette réunion, m'en donne la foi — avec le sergent du Christ, notre roi, et la protection du Sacré Cœur de Jésus, nous aurons le triomphe ; l'Église sera écoutée, vénérée et défendue ; la France, notre chère patrie, sera ressuscitée.

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